Tente d'Aedar

Je me tint à la sentinelle qui m’aida à traverser le camps. Je ne vois déjà plus qu’une vision déformée du camps. Je vois mes anciens amis, heureux de mon retour mais inquiets de mon état. La sentinelle leur fait comprendre que j’ai juste besoin de repos et le camps retourne à sa fête. Cette odeur enivrante est celle de la joie, ici, le sable a son odeur, ici, le feu a son odeur, tout ce qui est au camps sent bon la famille. C’est là que je suis né, c’est là où je mourrais. Ca y est, nous y sommes. C’est ma tente. Depuis mon départ, elle a été un peu ordonnée. Ca tombe bien, je ne suis vraiment pas doué pour ranger mes affaires. La sentinelle me dépose dans mon lit. Elle me demande si je vais bien.

-Ana ahsan… il me faudrait juste un remède… pourrais-tu demander aux anciens ?

Déjà la sentinelle sortait de la tente, partie quémander l’aide d’un de nos vénérables anciens. Seul, allongé sur le lit, parmi les miens, je voyais des choses fantastiques. Des couleurs merveilleuses berçaient mon esprit doucement tandis que les douces musiques de mon enfance me revenaient en tête. Je revoyais, dans mon esprit, quittant le camps pour réfléchir, pour poser une question sur mon rôle dans le camps. Ce recul était nécessaire, et en observant le désert je l’ai acquis.

Certains trouvent le désert magnifique. Cette vision est à mon sens restreinte. Le désert est immensément beau, mais sa beauté n’a d’égal que sa cruauté. Et pendant des semaines j’ai erré, puisant dans mes réserves d’eau et m’alimentant dans les rares oasis qui parsemaient la route de mes pensées. La réflexion avait été longue, j’avais pris tout mon temps. Ce n’était pas rare pour un nomade de s’exiler des siens. Alors on l’attend, on ne le dissuade pas. Ce sont des passages obligatoires dans nos vies, des remises en cause que le continent ne peut pas apporter.

Tandis que je me sens m’endormir, j’entend un peu de bruit dans ma tente. On me fait boire un remède qui, je sais, va apaiser les hallucinations qui sont en train de me transporter. J’en profite encore. Je laisse les couleurs s’exprimer dans mon esprit, remplaçant les mots vains que j’emploie trop souvent. Je reprend doucement mes esprits, me remémore mon voyage et mon errance. J’espère que le naib Ratus écoutera mon récit une fois que je serais remis.. enfin pour l’instant, je me repose.

Le silence était lourd dans la tente, la tention était à son paroxysme. Le malade, le nouveau venu, avait été mordu par un serpent et ses hallucinations provenaient de cette petite blessure, d'après l'ancien qui servait alors de guérisseur.

Zweig n'y connaissait rien à tout cela, il était juste là, attiré par sa curiosité, une curiosité bien connue de par les félins. Puis soudain, un bruit se transformant doucement en parole, des paroles échangées. Oh bien sur, de la tente, une oreille humaine ne pouvait l'entendre. Une voix féminine d'ailleurs et deux voix masculines. Il n'entendait pas ce qu'il se disait mais juste quelques bribes. Encore une fois, sa curiosité passait avant tout.

D'un léger grognement, il sortit de la tente, jetant un oeil aux lunes puis parlant directement à Ratus:

-" Nouvelle venue, ici."

Puis il s'en alla en direction de la nouvelle peut être pas si nouvelle que ça.

Je sentais ma vision redevenir normal peu à peu, et un sentiment de paix intense s’insinuer en moi. J’observais les quelques nomades regroupés dans ma tente. Ainsi, je revoyais mes frères, après ce long exil dans le désert. Mes joues se teintaient te la couleur de ma joie.

-C’est un plaisir si grand que de retrouver les miens ! Naib Ratus, il me tarde tellement de te narrer mon voyage spirituel vers la découverte de mon chemin, durant ma méditation, les esprits de la nature ont illuminé mon esprit, et la paix c’est abattue sur moi .

Je contemplais un instant Ratus, mon esprit encore prit de vertiges. Mon voyage m’avait profondément changé, je n’étais plus le même qu’avant. C’est comme si j’avais réussit à m’envoler.

-Excuse mon emportement, Naib Ratus, mon expérience dans le désert rend mon esprit confus.

Je sentais toujours une chaleur caractéristique de ma fièvre passée. Pourtant, bien que le venin du serpent soit neutralisé par la potion de l’ancien, je me sentais de plus en plus chaud. Je mettais ça sur le compte de la fatigue.

Puis ma vision redevint totalement nette. Je voyais avec exactitude tous les visages toutes les personnes. Mon regard s’arrêtait sur Zweig, et mon sang ce glaça. Je clignais frénétiquement des yeux. Etais-je plongé dans une hallucination ? Puis le détaillant un peu plus du regard, je compris que j’avais affaire à un de mes frères. Mais déjà, il s’en allait. Je le vis parler a Ratus, mais je n’entendais rien, les sons étaient incompréhensibles, comme si j’étais dans une bulle.

Je me redressais. Cette chaleur était insoutenable, moi qui pourtant était habitué aux températures du désert. J’essayais de me relever, mais voyant ma faiblesse je me rassit bien vite. Je déglutis, avant d’ôter ma cape de voyage pour tenter de me refroidir un peu

Ratus attendait patiemment. Il savait qu'Aedar se réveillerait sous peu et par lui même.

L'expérience qu'il avait vécu était intense, et le poison n'arrangerait rien, mais bon, il fallait faire avec.

Zweig sortit de la tente tout à coup. Il avait visiblement des sens plus développés que ceux des humains présents.

"Nouvelle venue ici" dit il avant de s'éloigner.

Finalement cela valait mieux car Aedar était revenu à lui même et quand ses yeux avaient distingué la grande forme sombre qu'était Zweig dans la tente, il avait paru effrayé.

Ratus sourit et se rappela son retour d'initiation. Il avait vu des créatures pendant plusieurs jours alors qu'elles n'existaient pas. Aedar en avait vu une qui existait.

"Bon retour parmi nous Aedar, je vois que ta retraite dans les dunes a été une réussite. Je n'en doutais pas, tu es fort et les éléments ont toujours veillé sur toi. Si tu veux m'en parler, je t'écoute."

Alors qu'il disait cela, Aedar tenta de se relever. Ratus ne savait pas si Aedar l'entendait ou pas, visiblement ses perceptions étaient encore un peu floues, instables.

Il l'aida a pousser sa cape, l'air était chaud dans la tente, et attendit qu'il lui reparle.