Il écarta les voiles soignés de coutures et de broderies.
Il se remémorait les moments passés ici. Tout était encore imprégné de ces souvenirs, le lit, les meubles, le tapis.
Il la voyait encore, assise ici, debout par là. Une silhouette vague, comme un mirage.
Plus il avançait, plus il se demandait si tout ceci était réel. S’il avait bien vécu ici, au milieu de ce peuple, dans cet oasis.
Avait il vraiment connu l’amour, n’était ce pas un rêve ?
Son visage se reflétant encore dans son esprit. Une elfe. Liness.
Un rêve ?
Il essaya de soulever les draps, croyant encore y voir les formes allongées de celle qu’il aimait.
Mais sa main ne touchait plus rien.
Il essaya de se saisir de la jarre, de même. Sa main était vide, et la jarre devenue floue.
Il regarda autours de lui, et la tente entière semblait se bercer lentement, ondulant, devenant difforme à mesure qu’il s’en approchait.
Il rêvait.
Cela faisait deux ans.
Deux ans qu’il rêvait.
Comment un rêve pouvait il durer si longtemps ?
Il essaya de se rappeler les détails, et tout lui revînt à l’esprit.
C’était donc un rêve…
Alors ces gens qu’il avait connus, ce chef marrant qui s’appelait Ratus, cette fée qu’on appelait Nyamo. Et son mari Aegis. Celui qui possédait un tigre, et tout les autres…
Et lui ?
Etait il aussi un rêve ?
Et ce monde, ce passé…
Tout cela lui appartenait il vraiment ?
Il se pinça et il eut mal. Impossible de se réveiller.
Etait il condamné à rêver indéfiniment ?
Il s’assit par terre et ferma les yeux.
Il la revoyait, traversant devant lui l’entrée de la tente, souriante comme jamais, le soleil dans ses cheveux d’or.
Et ce rire qu’il avait tant aimé, comment cela n’aurait il pu ne pas exister ?
Il se releva en proie à une nostalgie si profonde que son cœur laissa échapper quelques larmes.
Il écarta le voile devant lui qui ne s’en donna pas la peine, et il le traversa.
Dehors le soleil était au zenith, mais il n’avait pas chaud. Le temps s’était arrêté ici aussi. Et il ne percevait plus les couleurs. Tout n’était que nuance de gris, de noir et de blanc.
Il n’y avait pas âme qui vive sur le camp, mais plus rien à présent ne le choquait.
Il erra ainsi quelques instant, dans cet horizon sans but.
Puis il entendit un murmure. Un murmure qui devint un cri. Venu de nulle part, il eu beau chercher.
Un cri qui semblait vouloir lui dire quelque chose…
« Papa ! Papa ! »
La petite fille criait dans la pièce sombre.
Ses yeux s’ouvrirent alors, lentement. La première chose qu’il vit ce fût la fenêtre aux stores tirés.
Puis le lit s’ébranla un instant.
« Papa, lève toi, allez ! »
Il avait encore du mal à percevoir les sons, malgré qu’il comprenne parfaitement le sens des mots.
« Sens comme ça sent bon, maman nous à fait un gâteau ! Viens manger avec nous ! Gros flemmard ! »
Il se passa une main sur le visage. Il cru encore voir un instant le visage de cette elfe… Comment elle s’appelait déjà ?
Quel drôle de rêve.
« Allez Papou ! »
« Oui oui » Dit il alors « Je me lève mon ange. Je me lève promis. »
La petite fille lui adressa un sourire et reparti vers la porte. Une voix douce lui parvint du bas de la maison
« Chéri ! Linoa ! Vous venez goûter ? »
Quel drôle de rêve quand même…
A moins que…
Ce soit ça, le rêve ?