Quand le soleil s’en va, la vie reprend son droit.
La nuit froide du désert commence. Alors que les plus gros reptiles, qui la journée, empoisonnent nos enfants, se reposent enfin, que les kangourous, créature à l’aspect trompeusement affectueuse, se sont eux aussi donnés aux repos, la vie reprend ses droits.
Les forts dorment, les faibles survivent. Ils ne connaissent pas la dureté et la chaleur insoutenable du soleil. Ils ne connaissent que la nuit sombre. Ils n’ont pour phare que les deux Lunes. J’aperçois, juste en face de moi, une grosse souris du désert. Déjà elle s’enfuit, courrant derrière une dune à la recherche d’un peu de nourriture. Le désert est cruel.
Mais la vie l’est encore plus. Juste en dessous de ce rocher, il y a une tanière. Je n’ai pas besoin de savoir quelle créature vit dans ce petit trou a peine plus long que mon bras. Une araignée pénètre la tanière. Le propriétaire ne c’est pas réveillé au crépuscule. Il ne se réveillera plus.
Au loin, je vois de la fumée et un petit point de lumière. Ce point, je sais se qu’il signifie. C’est là que mon peuple vit, c’est là qu’est ma famille, mes amis. Je sens une vive douleur. C’est un petit serpent tacheté qui m’a mordu. Je connais le désert, je connais ses animaux. Le sable se mêle à la blessure. Son venin ne me tuera pas, mais il est un puissant hallucinogène. Il faut que je rentre parmi les miens.
Les dunes sont majestueuses. Au final, ce sont elles les reines des lieux. Ces dunes qui parsèment les désert, qui les marque et qui les détermine. Ce sont ses dunes qui abritent de nombreux animaux qui se réfugient. C’est sans doute une de celles si qui abrite le serpent qui vient de s’enfuit après m’avoir mordu. Je me met en marche, vers cette lumière, j’entend les chants qui ont bercé mon enfance, les rires des enfants, je suis guidé par le feu. Ce froid… les dunes n’ont pas froid, ni chaud. Le désert est glacial la nuit, et étouffant le jour. C’est un endroit parfait pour réfléchir.
Un pas après l’autre. Déjà je sens ma vue qui se trouble, mon cerveau qui se réchauffe. Comment m’accueilleront-ils ? Après tout ce temps passé loin des miens, un doute me prend. Je le chasse vite. Ils m’accueilleront comme ils le savent si bien faire. Quand ma fièvre passera, nous boirons ensemble, autour du feu. Peut être même que le Naib Ratus me proposera un de ces bon thés aux épices… Je m’approche. J’aperçois déjà une sentinelle qui s’approche, qui me regarde. De mes vêtements, de ma posture, il comprend que je suis un de ses frères.
-Salam mon frère… je suis fiévreux… j’espérais parler au naib mais j’ai été mordu… pourrais-tu m’aider à rentrer dans ma tente… ?
Sujet: Retour nocturne 